Asia NOW, 빨리, 빨리 !
Du 20 au 22 octobre à la Monnaie de Paris, quai de Conti
se tient la neuvième édition d'Asia Now,
première foire d'art dédiée exclusivement à la scène artistique contemporaine d’Asie.
Si le collectif Slavs and Tatars, curateur invité de cette 9e édition, consacre à l'Eurasie un parcours fil rouge mettant en lumière 14 artistes d'Asie centrale dont la pratique se lie au textile, Asia NOW présente cette année une sélection de 65 galeries majeures de l'art contemporain exposant plus de 220 artistes issus de 26 territoires à travers l'Asie ou de la diaspora.
Pour un artiste, qu'est-ce qu'être contemporain veut dire aujourd'hui ? Être contemporain en Asie, d'un point de vue “asiatique”, et dans un contexte géopolitique Global South. Telle est la question, centrale et rayonnante, à laquelle ambitionne de répondre Asia NOW à Paris.
Et il va de soi qu'à ce questionnement des artistes coréens apportent des réponses à chaque fois ouvertes et singulières.
Miseon Yoon Galerie Kabinnett, Seoul
Cette semaine, à la Monnaie de Paris – trois jours seulement, vite, vite ! – Onomad attire votre attention sur deux galeries "qui font" Asia NOW :
– l'une de Séoul, les Column Galleries
l'autre… de Paris : Louis & Sack
Mais aussi, et parce qu'à Paris l'art est partout,
& parce que des initiatives privées célèbrent chaque jour ici les arts d'ailleurs, de Corée et d'Asie (même si on ne le sait pas tout à fait),
& parce que là encore il s'agit d'un événement de cette semaine d'Octobre 23 (jusqu'à dimanche inclus) ou plus qu'éphèmère (ce jeudi 19 soir seulement), Onomad pointe ici une galerie de Paris déjà rencontrée en ces pages :
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Louis & Sack
Stand M02
Cour Mansart tente sur la gauche après l'entrée à la Monnaie
Galerie Louis & Sack
Korean Thread — De Paris, la secrète et belle galerie Louis & Sack tisse un thread infrangible entre quatre artistes coréens vivant et travaillant aujourd'hui aux rives de la Seine.
« Des fils rythmés et répétitifs de Baek Seungsoo, aux fils ruisselants d'eau et de pigments de Chae Sung-Pil, à l'érosion manufacturée des sculptures de Kim Sangwoo, jusqu'aux lignes d'horizon des " Mémoires du vent" de Lee Hyun Joung » se tisse un horizon commun tourné essentiellement vers la nature, fût-elle transformée par l'inventivité et l'ingénierie humaine, et l'un ou l'autre des cinq éléments : terre, eau, bois, feu, métal.
– Chevelures de vent et chemins indénombrablement finis de Lee Hyun Joung, qui travaille sur 한지 hanji – ce papier fait traditionnellement en Corée à partir de pâte de mûrier, mais ici revisité et fabriqué par elle-même qui ne saurait, dit-elle, faire aller sa main sur un papier qui ne serait pas de sa main.
Sa main qui dès lors dépose et déploie et délivre sur le hanji au sol les mille et une ondulations peignées qui lui viennent, depuis le point qu'elle désire selon son humeur de vent ou d'eau, de mers, chemins et chevelures, d'étendues traversées et mémoires et autres mantras, toutes de muk (encre) et pigments laissant une blanche réserve aussi précise que leur trait. Ces œuvres d'une attention infinie et sans le moindre repentir ouvrent dans notre cœur des chemins de méditation et souvenirs, et d'autres d'aventures, à contempler longtemps — toujours.
– Concrétions pensives ou alanguies, formes immobiles ou oscillantes, à peine ou de longtemps déposées sur la grève, les sculptures céramiques de Kim Sangwoo amoureusement polies.
Elles forment colonies & conclaves, tiennent entre elles et avec nous de silencieux débats immobiles, se rappellent le très doux très long très patient labeur qui donna forme à leur forme, âme à leur âme, et devant nous reposent pour le bonheur de nos yeux, ou, peut-être, si on a le droit, si on l'ose, de notre paume.
– Ou ces minces substrats de polystyrène, matériau ultra-contemporain, apposés (ou pas) sur toile de lin, brûlés, découpés, tranchés à la façon d'une coupe histologique révélant un étonnant entrelacs de milliers d'alvéoles semblable à un rayon d'anti-ruche ou une écorce fossilisée jusqu'à cendres.
Car la matière que Baek Seungsoo travaille, c'est le noir, le noir en ses infinies autant qu'insoupçonnées variations lumineuses, dans la filiation de Soulages ou celle, si étonnante, de la langue française : qui choisit jour, tonalité obscure et sourde, pour dire les heures où le soleil paraît ; et qui, dans nuit fait briller l'éclat vocalique u-i des étoiles.
– Et puis Sung-Pil Chae.
Initié à la calligraphie et à la peinture dès l'enfance auprès de son grand-père, formé à Séoul puis à Paris, Sung-Pil Chae a mis la terre, matière mais aussi planète, au centre de sa pensée et de sa recherche. Il parcourt ainsi les continents pour récolter échantillons minéraux, poudres (perles, or, argent, etc.) et pigments naturels qu’il mélange et transforme. Posant ses toiles sur terre, c'est-à-dire au sol, il applique alors à grands gestes ses couleurs au moyen de pinceaux qu’il a lui-même confectionnés. Puis il fait couler de l’eau sur le support en l’inclinant. Se créent des ruissellements, un mouvement, une énergie. Son art est à la fois figuratif et abstrait, métaphorique et littérale interprétation des flux de la Nature.
Du jeudi 19 (avant-première sur invitation) au dimanche 22 octobre vous trouverez la galerie Louis & Sack au stand M02 d'Asia Now, dans la cour Mansart à l'entrée.
Et chaque jour qui viendra ensuite vous pourrez la retrouver "chez elle", endroit secret au premier étage d'un discret immeuble sis en une de ces cours cachées de Paris. Très prochainement, Onomad vous proposera un article dévolu à Jung Long Mee et un autre, en soi consacré à Louis & Sack.
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Column Galleries
De Séoul, les Column Galleries nous adressent une somptueuse présentation de l'œuvre reconnue de Jung Jong Mee dont l'expression artistique marie la durabilité et la douceur naturelles du Hanji (encore) et du Bogaji à la tendresse et la résilience de nostalgiques figures de femmes, épouses et mères coréennes.
Astreintes jadis et depuis la nuit des temps à une épuisante routine quotidienne, elles n'en œuvraient pas moins au cœur même de cette nuit à de merveilleuses transformations.
Sous la douce lueur d'une lanterne, enfilant méticuleusement des fils de couleurs vives sur une aiguille, tissant des motifs complexes sur des étoffes ornées des cinq couleurs directionnelles. Créant alors ces tissus exquis destinés aussi bien à devenir d'humbles mais si élégants matériaux d'emballage ou bien les vêtements les plus beaux et les plus raffinés, amendés de passion pour les broderies délicates.
L'art de Jung Jong Mee rend hommage à ces femmes exceptionnelles, créant des mémoriaux à volutes qui honorent et chérissent l'héritage de nos mères.
Le vrai contemporain échappe-t-il jamais à la mémoire ?
D'autres figures de l'art contemporain issu de Corée et de la culture coréenne seront présentées à Asia Now. Comme Miseon Yoon, représentée par la galerie Kabinnett (Séoul).
Mais ce critère précis qui détermine un être au monde singulier, un rapport unique à l'art et à la vie ne devrait pas restreindre votre horizon. L'art depuis toujours a fait diaspora, le contemporain, dans un contexte mondialisé et globalisé, plus encore. De façon spécifique, la plupart du temps ce qui le caractérise est un point de rencontre entre une façon de faire (ou de manifester, ou d'exposer, ou… de penser) ultra-actuelle, des pratiques de création aussi anciennes que l'humanité est neuve, des références à l'art de tous les temps tous les lieux, et des thématiques inexplorées (quoique…). La réalité profonde de l'art est Dialogue, rencontre, et premièrement (même lorsque cela est pour ainsi dire caché), dialogue/rencontre d'œuvre à œuvre(s), de main à œil, d'artiste à artiste(s). Un des apports les plus fructueux d'une manifestation telle qu'Asia Now est de rendre visibles et perceptibles tous ces liens, qui naturellement de l'Asie vont au-delà de l'Asie.
l'Art, naturellement, déborde.
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LooLooLook
Cette troisième semaine d'octobre, si vous vous intéressez à la création contemporaine – et plus encore : si vous êtes un.e passionné.e d'art tel qu'il se fait & se vit précisément maintenant, si vous aimez à questionner son extension, ses influences et son lien actuellement renouvelé à la Nature, il est une autre exposition à ne pas manquer, aussi brève que l'actuel (cette semaine seulement), et un événement plus bref encore (un seul soir), en un autre lieu de Paris : la galerie Looloolook, essentiellement vouée aux artistes asiatiques, émergents et reconnus, qu'Onomad vous a déjà présentée : voir ici.
Si vous y passez cette semaine, encore jusqu'à samedi, vous aurez l'incroyable chance d'y découvrir deux œuvres découvrantes issue des Asies de l'esprit : celle propice aux méditations, peinte et parfois modelée, de Lin Mobai, artiste déjà éminente en Chine et au Japon, qui ouvre de douces fenêtres sur des paysages idéaux qu'on dirait du Sud, comme dans la chanson de Nino Ferrer, et précisément de l'Italie, et plus précisément encore : de la Toscane… sauf ici, regardez bien : c'est Pompéi !
Bois, toiles et paysages aux couleurs de Morandi, architectures ensilencées à la De Chirico… Que vous disais-je plus haut à propos des multilogues silencieux qu'entretiennent œuvres, et yeux, et artistes ?
Çà et là, un bestiaire — blason de loup comme celui de Sienne, ou d'imaginaire girafe.
Mais aussi XiaoWei,
jeune artiste de Chine et d'ici, vous découvrira ce qu'habitude et évidence nous ont hélas, la plupart du temps pour la plupart d'entre nous, désappris à apprécier : la délicate et résistante, tendre et résiliente beauté sans cesse recommencée des Adventices, ces plantes et petites fleurs souvent qualifiées de mauvaises herbes, souvent indésirées.
XiaoWei célèbre leurs images à la façon d'herbiers fantômes et flottants sur de translucides biscuits céramique, les sertit elles-mêmes et pour de vrai (de vraies plantes ! des œuvres de la vie) de splendeurs de faïence tout aussi délicates qu'elles le sont : rehaussant de sa main d'artiste l'évidence végétale.
Et si vous allez à Looloolook jeudi 19 octobre 2023 à partir de 18 heures, vous sera donné de respirer des parfums un à un associés aux œuvres exposées, nouant un lien inédit entre représentation & sensorialité. Une expérience unique et olfactive,
celle de l'art
tel qu'il se fit se montra se vécut
vraiment le 19e soir du 10e mois de la 23e année du 21e siècle
à Paris.
à Paris.
Sur la Terre.
La Terre qui est un Astre.
jacques prévert
Aa, pour Onomad
En pratique :
.Asia NOW /Paris Asian Art Fair — du vendredi 20 au dimanche 22 octobre 2023
à la Monnaie de Paris
11 Quai de Conti
75006
Asia Now ouvre de 11 heures à 19, 20 ou 21 heures (selon le jour : cf. site)
entrées à 12€ tarif plein, 10€ tarif navigo ; gratuit pour les moins de 26 ans, les enseignants, etc.
Métros : Pont Neuf (L7), Odéon (L4 et 10), Saint-Michel (L4), Châtelet (RER A and B), Saint-Michel Notre-Dame (RER B and C) Bus : 27 (Pont Neuf - quai des Orfèvres), 58, 70, 87 (Pont Neuf - quai des Grands Augustins), 58 (direction Vanves-Lycée Michelet), 70 (direction Radio France)
.Galerie Louis & Sack
3 Cour de Rohan
75006
et du 19 au 23 octobre : Stand M02, Cour Mansart, Monnaie de Paris AsiaNOW.
https://www.louis-sack.com/fr/
.LooLooLook Gallery
12 rue de la Sourdière
75001
du 18 au 21 octobre Lignes et lumières : exploration visuelle de Mobai
