Salaire 37 000 euros par an pour commencer :
voilà ce qui est proposé en moyenne aux nouveaux diplômés des secteurs informatiques et numériques. Car l'industrie a besoin d'eux. Après les troubles des entreprises du jeu, et ceux du commerce électronique, après que l'industrie des portails a souffert en 2021 de l'agitation des développeurs, les problèmes de ransomware se sont étendus aux sociétés de semi-conducteurs.Et c'est ainsi que le salaire annuel d'un nouvel employé de SK Hynix dépasse 60 000 euros (80 millions de wons – hiffres 2021) si l'on additionne : salaire de base, participation aux bénéfices, incitations à la productivité pour le premier et le second semestre et incitations spéciales.
De son côté, afin de séduire les membres de la génération MZ, Hyundai Motor Company remanie en profondeur son système de rémunération au rendement. Mais la réalité globale est tout autre. Contrairement aux États-Unis et à l'Europe, qui se sont déjà relevés de la pandémie, la Corée n'a pas élaboré de solution préparant son marché du travail à l'effet 2030. Quel type de système social résoudra ses problèmes structurels ?
Examinons d'abord la situation actuelle des collegials (l'organisation des études supérieures, ou tertiaires, en Corée du Sud est calquée sur celle des États-Unis ; les college schools y regroupent les établissements post-secondaire proposant des études en deux ans menant à l'université — comme les classes préparatoires et certaines grandes écoles en France — à des diplômes techniques, etc. on nomme collegials les élèves de ces écoles).
Le dicton populaire à leur intention est glaçant :
« Dormez trois heures par nuit, vous atteindrez le ciel : une SKY University (Seoul National University, Korea University et/ou Yonsei University). Dormez quatre heures par nuit, vous finirez par être admis dans une autre université. Mais si vous dormez cinq heures ou plus, surtout en dernière année de lycée, vous n'avez aucune chance d'entrer dans quelque université que ce soit. »
L'avenir de la jeunesse en Corée.
Combien d'années pour obtenir un diplôme universitaire en 2030 ?
Enquête 2021 sur l'activité économique des jeunes
Taux national de scolarisation au secondaire
80 % 2020 / 78 % 2015 / 76 % 2011
Le taux de scolarisation au secondaire en Corée est bien plus élevé que dans nombre de pays. Et en 2020, le taux d'entrée à l'Université était de 79,4 %, le plus élevé des dix dernières années (75,8 % en 2011) marquant une régularité à la hausse.
Or cela entraîne… une difficulté à trouver un bon emploi avec seulement un diplôme de college school/d'études secondaires/un diplôme de type bac(Suneung)+2. Le film Suneung démontre combien pression familiale, sociale et angoisse peuvent mener les lycéens au suicide : car en Corée, cela fait longtemps qu'il ne suffit pas "d'avoir son bac".
Toujours dans l'idée de gagner l'université, certains passent donc par une college school, souvent technique (comme en France, ces études dites courtes permettent éventuellement de réintégrer la fac en 3e année). Sauf que le « Si tu réussis à entrer à l'université, tu pourras faire ce que tu veux dans la vie » des professeurs qui logiquement suit le précepte Suneung ne crée plus, chez les lycéens ou les collegials, rien moins qu'une illusion. Après en moyenne 3 ans d'études exigeantes et acharnées, les étudiants réalisent la dure réalité du marché de l'emploi : nombreux se consacrent alors à s'y préparer, y compris en mettant "temporairement" leurs études en pause, en recherchant à les poursuivre et valoriser à l'étranger et en cherchant à prévoir ce qui arrivera après l'obtention de leur diplôme (sans compter le fait que les garçons seront soumis à deux années de service militaire obligatoire). C'est pourquoi elles et ils sont bien peu, qui parviennent en quatre années au bout de cursus universitaires définis sur quatre ans. Le tableau ci-dessous montre le temps effectif nécessaire aux étudiants pour être diplômés, la fréquence des demandes de congés sabbatiques plus ou moins obligés et la durée moyenne du congé accordé.
Durées des scolarités secondaires et universitaires
Au secondaire, la durée moyenne des études (jusqu'au Suneung) est de 4 ans et 3,4 mois : 5 ans et 0,5 mois pour les garçons, 3 ans et 8,6 mois pour les filles.
À l'université, la maîtrise en 4 ans est en moyenne acquise en 5 ans et 1,6 mois ; 4 ans et 5,8 mois pour les femmes… 6 ans et 1 mois pour les hommes. Ce différentiel est énorme : les hommes y mettent deux ans de plus que les femmes notamment en raison du service militaire obligatoire. Immédiatement après avoir été libérés de l'armée, si la plupart des conscrits retournent à leurs études c'est pour en terminer. Tandis qu'en étant entrées au même âge à l'université, les femmes pourront soit en sortir plus tôt, soit mener leurs études plus haut.
Congés en cours d'études : motifs, durées, expériences
Parmi les jeunes diplômés des college schools, la proportion de ceux qui ont demandé et pris un congé était de 48,1 %, 75,4 % pour les hommes et 27,8 % pour les femmes. À l'université (où la quasi-totalité des cursus est sur 4 ans) le taux de ceux qui ont pris un congé est de 56,7 % et le taux de ceux qui ont obtenu un diplôme de trois ans ou moins est de 34,9 %.
La somme des rapports de composition dépasse 100 avec des réponses multiples.
Côté hommes, la principale raison des congés accordés est le service militaire.
Côté femmes : préparation aux tests d'emploi et de qualification, formation linguistique, expérience sur le terrain…
Il est démontré que quasiment tous les hommes interrompent leurs études en raison du service militaire, tandis que les femmes prennent un congé afin de s'assurer une période où bien préparer leur prochaine entrée sur le marché du travail.
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