Par K. Yung
Voilà une fascination pour les hommes sans passé! Consacrant
sa vie combat, le Légionnaire n'est lié que par la camaraderie
sincère dans laquelle il s'est engagé volontairement et
humblement, un engagement fraternel capturé avec une
simplicité émouvante par son code d'honneur :
telles sont les exhortations qui pourraient conduire des
« camarades » originaires de n'importe quel coin du monde à
un engagement qui les soustrait au système de valeurs
obligatoires de sa terre natale.
Je me sens m'envoler en pensant à cette envie ultime de fuir le plus loin possible, sans rien contester, ni aucun sentiment d'obligation. Volontairement. Je me regarde en arrière : comment pourrais-je me sentir attiré par cette association absurde de desperados et de fugueurs extrêmes?
Je me souviens comment, adolescent, j'aspirais à une telle solitude de l'éloignement. Casablanca fût la priorité lointaine à bord d'un bateau de pêche de haute mer. Assez dépendant d'obligation de ma scolarité au lycée, je voulais quitter discrètement la péninsule asphyxiée par un régime militaire. Un port vertigieux, des travailleurs marins très physiques, tout cela demanderait une vigilance susceptible de dangers les plus innocents à mon souhait de fuir ce monde incitant les jeunes à étudier et à s'exercer pour gagner sa vie sans aucun désir joyeux.
Une seule raison : fuir une vie d'esclave indocile courant encore et toujours pour réussir sans fin. Au lieu d'être poussé par les autres, je caressais le désir simple mais merveilleux d'aller loin et de courir librement et sans fin jusqu'au sommet des volcans et du mont Kilimanjaro en moto. Une émotion sensationnelle ! Pour naviger Petit Prince ou Bartlebyiste New York du 19e sièce...
Djibouti m'est venu à l'esprit pour une seule raison: la Légion étrangère française y maintient une présence depuis longtemps, et parmi les manifestations les plus anciennes, il y a cette attirance magique pour la Légion étrangère. On nous envoie mourir au combat et faire mourir les autres.
J'ai effectué mon service militaire de 3 ans au commando d'invasion précoce de Yangpyeong, en Corée. A l'entrée de notre dortoir, sont affichés le nom de nombreux camarades seniors, morts après avoir été parachutés par hélicoptère pour réprimer les troubles violents pendant la révolte étudiante de Gwangju, le 18 mai 1980. Pour ma part, aucun trouble violent durant mes trois années de service militaire.
Au combat, les Légionnaires, ces soldats internationaux vêtus de képi blanc dont les prédécesseurs ont combattu de manière célèbre, m'ont soudain paru merveilleux, comme me l'ont révélé mes recherches en ligne sur la 'Légion au Combat', de Erwan Bergot : Dien Bien Phu, Kolwezi, Magenta, Puebla, Bir Hakeim, Aisne, Narvik et Fort Bamboo ou encore les guerres civiles en Angola, au Mali et au Tchad : les Légionnaires ont été de tous les fronts.
Si j'avais été informé plus tôt de cette mission sincère et célèbre, j'aurais probablement sauté dans un bateau de haute-mer pour rejoindre Djibouti. Je me découvre imbécile, sans aucune médaille de mission militaire en Corée.
Je me suis approché de deux Légionnaires rencontrés avec des yeux envieux à la gare de Lyon. Créé en 1841, le 1er Régiment étranger est le doyen des régiments de la Légion. Il compte de nos jours 520 soldats.
Il devra prouver que le candidat est costaud et en bonne forme physique.
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Le bureau de recrutement d'Aubagne de la Légion Étrangère est ouvert jour et nuit, 365 jours par an.
Hommes étrangers âgés de 17 et 40 ans viennent en France du monde entier pour être recrutés. Chaque année, de 8 000 à 10 000 candidats essaient leur chance ici, mais seulement un sur huit d'entre eux est accepté. Depuis les récents et terribles attentats terroristes à Paris et à Nice, cette unité d'élite a été légèrement étendue à 9 000 légionnaires - 90 pour cent d’entre eux sont des étrangers.
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