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La différence des chiffres entre Corée du Sud et France. D’où vient cette différence ?

Dernière mise à jour : 7 mars 2021

Par CHUNG Gohsran


Les deux philosophies, cultures ou civilisations occidentale et orientale peuvent-elles l’expliquer?

A l’heure où le monde entier est touché par le covid19 et où l’économie mondiale est négativement affectée jusqu’à arriver à une situation désespérée, de nombreux spécialistes reconnaissent que les pays asiatiques se défendent grosso modo mieux que les pays occidentaux. La Corée, un des pays les mieux protégés contre la pandémie, est devenu un exemple à suivre en matière de protection sanitaire, et il y a même eu quelques tentatives d’adapter ses méthodes en Allemagne ou ailleurs.


Si la Corée a réussi à maîtriser la pandémie de façon relativement efficace, plusieurs éléments y ont joué des rôles. Premièrement, la préparation des kits pour le test de Covid19 avant que le virus n’arrive sur le territoire coréen et en partant des observations sur la situation pandémique en Chine, ce qui a permis aux autorités sanitaires coréennes de réagir rapidement et de produire les kits en quantité massive.

Deuxièmement, une distribution efficace des masques chirurgicaux au niveau national orchestrée par l’État. Tous les masques ont été achetés par l’Etat et celui-ci les a fait distribuer par les pharmacies en fonction de la date de naissance des consommateurs.

Troisièmement, les autorités sanitaires se sont acharnées à effectuer des tests sur les personnes vulnérables et susceptibles d’être contaminées.

Quatrièmement, la mise en place d’une application pour la surveillance des auto-confinements des personnes contaminées.

Cinquièmement, l’identification de l’itinéraire d’un contaminé avant et après son test positif et la communication de ces informations via des textos.

De cette façon, la Corée a réussi à maîtriser la pandémie sans fermer ses frontalières et sans aller à un confinement général.


Pendant que les pays asiatiques menaient une bataille sans merci contre le nouveau virus, les pays occidentaux dont la France restaient plutôt comme des observateurs oisifs. Leurs autorités, ainsi que leurs populations gardaient probablement une estime de soi excessive, pensant que ce genre d’épidémie n’arriverait pas dans un pays aussi développé que le leur. Pourtant, vers la fin du même mois où était apparu le premier cas de contamination en Corée du Sud, la France enregistrait ses trois premiers cas positifs.


Madame Buzyn, la ministre de la santé française, a déclaré : «Nous avons aujourd’hui les premiers cas européens, probablement parce que nous avons mis au point le test très rapidement et que nous sommes capables de les identifier. Il faut traiter une épidémie comme on traite un incendie, très vite repérer la source et la circonscrire le plus vite possible.»

Le 17 février, 12 cas confirmés ont enregistrés. Le 29 du même mois, il y a eu 100 nouveaux cas dont 2 décès. Depuis, le chiffre est monté de façon spectaculaire. La situation se développait pareillement ou plus grave dans tous les territoires européens, et ailleurs dans le monde entier.

Dès lors, les pays occidentaux ont commencé à prendre la situation au sérieux. Faute de mieux, le 17 mars, le gouvernement français a finalement instauré un confinement général de deux semaines. Dès le mois de mai, la courbe a commencé à baisser, et la tendance s’est maintenue durant les vacances ‘été. Mais après les vacances, la courbe remontait de nouveau, et le 30 novembre, la France entrait dans une deuxième période de confinement général.




Tout comme en Corée, le France possède un système relativement développé au niveau de la sécurité sanitaire. D’où vient alors cette grande différence de chiffres entre les deux pays ?


Corée du Sud France

Nombre d’habitant 51.8 67 millions

Superficie 109,886 640,679

Cas contaminés 91,638 3,895,430

Décès 1,627 87,988

(données recuillies le 5 mars 2021)


Si la Corée a réussi à mieux s’en sortir, c’est principalement grâce au port généralisé des masques et à l’approbation par la population des systèmes de traçage. Les Coréens ont très vite adopté ces deux dispositifs imposés par l’État sans aucune protestation, ceci dès le début, alors qu’en France, ni port du masque ni système de traçage n’étaient faciles à instaurer.


Pourquoi les Coréens ont-ils facilement accepté une situation sanitaire régulée par un système qui semblait relever du totalitarisme aux yeux des Français ?

En fait, la différence des résultats (chiffrés) peut être expliquée par deux philosophies/cultures différentes de deux mondes différents : l’Orient (asiatique) et l’Occident. C’est un duel entre l’esprit collectif et l’esprit existentiel. La différence entre la pensée où un individu appartient à une unité plus grande et celle où la liberté d’un individu passe avant le bien-être de la communauté a causé cette différence dans les moyens employés contre la pandémie, d’où la différence des chiffres.


Dans l’esprit des Coréens, le Moi, en tant qu’individu, existe grâce à l’univers (ou l’énergie) qui existe avant le Moi. Cette philosophie de l’existence se retrouve non seulement en Corée mais aussi chez tous les Asiatiques, me semble-t-il. Cette pensée coule comme du sang dans les veines des Coréens. Cet esprit se matérialise par le collectivisme (ou communautarisme). Ce genre d’esprit collectif chez les Coréens a été l’objet de critique chez quelques intellectuels français.

Par exemple, Virginie Pradel, avocat et journaliste, Denis Malvy, docteur en épidémiologie, ont considéré la Corée du Sud comme pays de dictature, à cause de ce système de traçage du Covid19 qui ne serait rien d’autre qu’une violation de la vie privée à leurs yeux.

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Guy Sorman a un point de vue très positif sur la Corée, partant des connaissances profondes et larges dont il dispose sur ce pays. Malgré cela, lui aussi a critiqué la tendance au collectivisme chez les Coréens avant le Covid19. Mais il a bien observé comment a fonctionné cet esprit collectif chez les Coréens face à la pandémie, et a finalement changé d’avis sur les décisions des autorités sanitaires coréennes.

Il reconnaît le coté positif de cet esprit collectif1. Concernant l’article de Pradel, il y a le commentaire d’un français qui explique le collectivisme coréen, de façon plus ou moins correcte.


La Corée a été fondée sur la Communauté.

Chaque Coréen pense qu’il est un des maillons d’une longue chaîne qui constitue la Nation. Quand quelqu’un fait une erreur ou quand quelqu’un a besoin d’une aide, tout le monde a le droit et la responsabilité d’intervenir.

Ceci donne du sens à cette continuité dans la chaîne de solidarité qui forge la communauté. Les gens ressentent respect et support mutuels. Personne n’a l’impression d’être surveillé par personne. Chaque citoyen sent qu’il est respecté.2

La mentalité et le comportement des Coréens se décident en fonction de la position du système social auquel ils appartiennent. Chez les Coréens, une telle capacité d’adaptation est obtenue dès la naissance et inconsciemment. Car la civilisation a été « codifiée » de cette façon. En Corée, et probablement comme dans d’autres pays asiatiques, tous les systèmes de reconnaissances commencent par une unité universelle et avancent vers celles qui rétrécissent (du macro au micro).


L’ordre s’inscrit de façon décroissante.
« A-quoi-j’appartiens? » passe avant tout « Qui-suis-je ?’».

Avant même mon identité, l’appartenance à quelque chose est une conscience résolue et répandue chez les Coréens. Une fois mon appartenance identifiée, je peux m’identifier moi-même.


A quel nom de famille je fait partie est plus important que mon prénom.


De ce fait, l’ordre de l’identité civile – le nom d’abord, le prénom ensuite – est une règle absolue, en Corée comme dans d’autres pays asiatiques.


De même, une date s’écrit en Année - Mois - Jour.


Et pareillement, l’heure est indiquée dans cet ordre : Heure – Minute - Seconde.


Quand on appose une adresse sur une enveloppe, l’ordre est strictement opposée de celui en vigueur en Occident. Ainsi, on écrit :

Nom du pays - Code postal - Nom de la ville, et Nom de rue - Numérotation - Nom de famille - Prénom.


Penser quotidiennement à quel clan de famille fait partie sa propre famille est une obsession chez les Coréens. Quelle que soit sa situation sociale, un Coréen pense tout le temps à une position d’appartenance à quelque chose de social.

Tous ces ordres sont complètement inversés dans le monde occidental. C’est un système de croissance qui commence par le minuscule avant d’avancer vers l’aspect universel (du micro au macro).

Une date, un prénom et un nom, une adresse sont tous à l’ordre de croissance, en commençant par soi-même, « Qui-suis-je ? ». L’unité horaire est comme en Asie : Heure – Minute - Seconde. Mais il existe ‘Minute - Heure’ comme dans l’expression ‘Quarter to twelve’. Un tel ordre inversé ne fait jamais parti du langage coréen.


Si la philosophie orientale se résume dans l’harmonie des énergies de l’univers, la philosophie occidentale focalise sur l’introspection de la personne individuelle. Dans les philosophies coréennes, on pense qu’un individu est relié corps et âme à l’univers. Dans la philosophie occidentale, il y a des analyses sur les rêves, sur la psychologie ou la mentalité d’une personne.

Finalement, avec la mentalité occidentale où la valeur d’un individu précède toutes autres choses, on ne peut rien gagner face à la pandémie contre laquelle il faut agir collectivement et en même temps pour la vaincre.


Dans la plupart des pays asiatiques, on peut observer l’esprit du collectivisme, mais si on mesure la densité ou le degré de cette notion, la Corée remportera sûrement la médaille d’or. L’esprit de la collectivité y est tellement basique chez les Coréens que cette notion se reflète même dans leur langage.

En coréen, le pronom ‘nous’ a un sens identique au ‘je’ dans de nombreuses situations. Les Coréens disent ‘notre famille’ et rarement ‘ma famille’. Le Coréen parlere de ‘notre pays’ et non de ‘mon pays’. La notion du ‘NOUS’ s’applique même au couple, ce qui sera très choquant aux yeux d’un Occidental.

En parlant de leur mari ou de leur femme à un(e) ami(e), les Coréens ont tendance à dire ‘notre mari’ ou ‘notre femme’. Dans de telles circonstances, personne ne le prendra comme un aveu de polygamie, le ‘nous’ ayant le même sens que le ‘je’ dans l’usage occidental dans un même contexte.

La Corée du Sud est un des rares pays asiatiques où la véritable démocratie fonctionne comme dans les pays occidentaux. Ce n’est pas parce que la Corée est un pays de dictature que ce genre de système collectif marcherait à merveille.

Les coréens ont développé une mentalité où l’intérêt public tient une place plus importante que la liberté d’un individu. C’est grâce à cet esprit « altruiste» que les Coréens peuvent accepter, sans le contester, le dispositif de traçage général et total.


Dans ce cas, n’y aurait-il vraiment pas un moyen de mettre en place un système de traçage comme en Corée tout en garantissant la liberté de l’individu ? Je n’en ai aucune idée, mais je voudrais ajouter ceci, à vous Français, qui avez toujours peur de ce genre de traçage : n’avez-vous jamais communiqué vos coordonnées personnelles et tellement précieuses lors du passage dans une boutique pour un achat contre une carte de fidélité ? N’avez-vous jamais communiqué vos informations pour un tirage au sort ? N’avez-vous jamais enregistré vos informations personnelles sur un réseau social? Dès le moment où vous en donnez la permission, vos coordonnées sont déjà conservées dans un système gigantesque, et cela devient une source de profits pour celui qui sait en tirer avantage.

Vos informations sont conservées pour l’éternité et serviront pour analyser vos habitudes de consommation et vos déplacements.


Pour tous les traçages coréens contre la pandémie, les données sont collectées sous un anonymat strict et le gouvernement coréen les supprime immédiatement après, une fois que la période cruciale de combat est passée. Si le gouvernement coréen abuse de ces données pour un usage malintentionné, le peuple coréen, dynamique et politiquement très engagé saura réagir avec lucidité et responsabilité pour ne pas accepter une telle atteinte à sa vie privée. Un gouvernement coréen de type Big Brother sera certainement destitué par le peuple.

Dans l’état actuel des choses, il est impossible d’instaurer un système de surveillance efficace tout en préservant la liberté de l’individu. Mais qu’est ce qui est plus libre, entre la limitation générale des déplacements et la libre circulation à la condition de prévenir la circulation des contaminés ? La France est le symbole de la révolution, je ne pense pas que le peuple français laissera faire un gouvernement malintentionné. L’œil est à garder sur un éventuel Big Brother et tous les terriens surveilleront un éventuel danger des réseaux sociaux.


1. Interview réalisé par ChoeJeung-Hwoa

MOFA Insight Series EP. 1 Guy Sorman sur l’ère post-Corona, dans : ‘Culture and Society’

https://www.youtube.com/watch?v=9Laa_LsZSxc


2. C’est un texte retraduite du coréen. Malheureusement, je ne retrouve plus l’énoncé original de ce commentaire que j’avais déjà traduit en coréen lorsque je l’ai découvert.








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