Hwang a défini la réalité de la Corée comme « un état de "sans-abrisme" à l'échelle nationale »
Continuellement Hwang a exploré la psychologie des personnes qui ont perdu leur “maison”, symbolique ou réelle. « Chez soi », pour Hwang Sok-yong, n'est pas simplement un lieu où l'on est né et où l'on a grandi, mais une vie communautaire ancrée dans le sentiment de solidarité. Cette idée du chez-soi est également à la base de la tentative de Hwang de révéler les contradictions sociales à travers des personnes périphériques ou étrangères. Les tendances littéraires de Hwang sont fortement liées à ses expériences personnelles. Son travail traite de la perte d'humanité et de la dévastation de la vie due à la modernisation, à la guerre et au système militaire, ainsi que du désir de retrouver une vie saine et de rajeunir les valeurs endommagées.
Il naît à Hsinking (aujourd'hui Changchun), Mandchoukouo, pendant la période de domination japonaise. Sa famille retourne en Corée après la libération de 1945. Au Vietnam, il devient responsable du “nettoyage”, l'effacement des preuves de massacres de civils et de l'enterrement des morts. Une expérience macabre au cours de laquelle il est constamment entouré de cadavres rongés par des rats et bourdonnant de mouches. Et sur la base de laquelle il écrit la nouvelle "La Pagode" en 1970.
Son premier roman Monsieur Han, l'histoire d'une famille séparée par la guerre de Corée, est également publié en 1970. Il faudra attendre 2002 pour qu'il soit traduit en français chez Zulma.
Lors du soulèvement de Kwangju en 1980 plusieurs membres d'une compagnie sont tués alors qu'ils interprètent une de ses pièces de théâtre. Hwang Sok-yong était alors à la fois un écrivain politiquement engagé vénéré par les étudiants et les intellectuels, et un participant direct à la lutte.
En 1989, Hwang Sok-yong se rend à Pyongyang en Corée du Nord, via Tokyo et Pékin, en tant que représentant du mouvement démocratique naissant.
D'après Hwang, "à l'époque, j'ai été condamné à sept ans de prison pour avoir enfreint la 'loi sur la sécurité nationale'...
En 1993, malgré le danger il retourne à Séoul car « un écrivain doit vivre là où est parlée sa langue maternelle ». Il se voit rapidement condamné à sept ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale. En prison, il mène dix-huit grèves de la faim contre toutes sortes de restrictions faites aux prisonniers, telles que l'interdiction des stylos et une alimentation inadéquate.
Bien qu'Amnesty International et International PEN aient fait campagne pour le droit d'écrire des prisonniers et pour sa libération, campagne activement soutenue par la Commission des droits de l'homme des Nations unies, Hwang ne sera libéré qu'en 1998, Kim Dae-jung étant élu président, sur grâce présidentielle. D'après Hwang, « mon 'récit réaliste' était une voie au-delà de la division que 'je' crée, et vers l'universalité du monde. »
Cette fois, plutôt que de s'installer en Corée du Sud, il s'exile volontairement à New York, enseignant à l'Université de Long Island. Il a également passé du temps en Allemagne, ce qu'il a trouvé transformateur.
Parmi les livres de Hwang Sok-yong,
1985, l'Ombre des armes (traduit par Yeong-Hee Lim, Marc Tardieu et Françoise Nagel, Paris, Zulma, 2003) Ce roman basé sur l'expérience de l'auteur dans le corps militaire coréen combattant la guerre américaine au Vietnam, révèle les motivations économiques régionales du conflit dans le cadre plus large de la guerre froide.
2000, Le vieux jardin (traduit par Jeong Eun-Jin et Jacques Batilliot, Paris, Zulma, 2005)
2001, L'invité (traduit par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet, Paris, Zulma, 2004) roman sur un massacre en Corée du Nord attribué à tort aux Américains et qui avait en fait été perpétré par des chrétiens coréens.
Le Prisonnier
Le Prisonnier est un récit autobiographique qui relate la vie de Hwang Sok-yong en se centrant sur ses cinq années de prison à partir de 1993. Particulièrement précis pour ce qui concerne la société et la politique coréennes des années 1950 à 2017, il révèle des détails de l'histoire moderne de la Corée, sur le domaine du travail, le mouvement anti-dictature, la visite en Corée du Nord, et l'exil.
Traduit par Choi Mi-kyung
Comments