J’ai l’honneur de parler de mon amie ANDRÉE MICHEL et de son engagement pour la Bosnie, mon pays d’origine, qui fête aujourd’hui, ce 1er mars, le jour de son indépendance acquise depuis 1992. Je m’appelle SADZIDA JERLAGIC. Je suis originaire de Bosnie, de Sarajevo, (la capitale de la Bosnie et Herzégovine). J’ai travaillé plus de trois décennies à la Maison de la Radio, précisément à Radio France Internationale pour l’Emission yougoslave.
Je suis amie avec Andrée Michel de longue date.
Nous nous sommes connues à l’époque de la Première guerre du Golfe, en 1990. grâce à une amie commune. Toutes deux militaient pour l’Irak et contre l’embargo imposé à ce pays dont les conséquences humaines étaient catastrophiques.
Dès notre première rencontre, j’étais frappée par la personnalité d’Andrée Michel. Curieuse de découvrir son parcours, j’ai commencé à lire ses livres et à m’intéresser à son engagement divers: anticolonialiste, antimilitariste, féministe...
J’ai compris sa révolte contre l’injustice et sa lutte, sans relâche, tout au long de sa vie. Je me rappelle avoir pratiquement dévoré son livre SURARMEMENT, POUVOIR, DÉMOCRATIE. Impressionnée par sa façon de vivre, par sa force intellectuelle, par sa volonté de combattre l’injustice et les inégalités - où qu’elles se trouvent, toujours engagée, afin de défendre les plus démunis, les opprimés , et surtout, impressionnée par sa modestie, je m’étais, de plus en plus, rapprochée d’elle.
Nous nous voyions souvent chez elle, à Montreuil. Elle m’a expliqué que Montreuil était son choix, qu’elle voulait partager son quotidien avec des gens modestes, des travailleurs migrants, des familles ouvrières, qu’elle aime cette mixité culturelle, cette chaleur humaine, ces couleurs et ce parfum que porte cette ville populaire et cosmopolite.
Il faut dire que Andrée est très chaleureuse et accueillante.
Ainsi, nous sommes devenues de bonnes amies.
De temps à autre, elle venait me voir à la Maison de la Radio, nous déjeunions ensemble et discutions la plupart du temps de la situation en Irak, en ex-Yougoslavie...
Nous partions ensemble, très souvent chez elle à la campagne, à Auteuil en Vallois, dans l’Oise, où elle avait une belle maison dans une ancienne ferme, avec un grand jardin, où elle passait, à chaque fois qu’elle le pouvait, ses week-ends et jours fériés, toujours en compagnie de ses amies, rarement seule.
C’était un vrai bonheur pour elle de faire du jardinage, de couper ses roses...de s’occuper de ses plantes médicinales, mais elle aimait y venir aussi pour abandonner un peu son travail d’intellectuelle, jamais pour très longtemps; car tous les après-midis, elle montait dans sa chambre pour lire le journal Le Monde et un tas d’autres articles préparés à l’avance.
J’en garde de magnifiques souvenirs, mais il me faut revenir sur son engagement pour la Bosnie.
Dès le début des événements en ex-Yougoslavie, Andrée Michel s’informait sans que rien ne lui échappe.
Employée à Radio France Internationale en tant que journaliste et réalisatrice, je lui envoyais régulièrement les dépêches de l’AFP, de Reuteurs, d’Associated Press, des coupures d’articles et les informations que j’avais sur la guerre en ex-Yougoslavie; particulièrement en Bosnie-Herzégovine. Elle les décortiquait soigneusement, les lisait comme tout ce qui pouvait être écrit sur la guerre en France et à l’étranger, me questionnant souvent sur mon avis, sur l'avis de mes proches, de mes amis, de ma famille à Sarajevo. Elle partageait ainsi avec moi ma douleur et ma tristesse, et c’est ainsi que son livre - JUSTICE ET VÉRITÉ POUR LA BOSNIE- HERZÉGOVINE a été écrit.
Fidèle à sa modestie, Andrée Michel me dédicace son livre ainsi : À Sadzida, sans qui cet ouvrage n’aurait sans doute pas vu le jour.
En très affectueux hommage, Andrée MICHEL,
Interview Ônomad avec
Sadzida au café de Paris 13e arrondissement en février 2022
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