Par Kwon Hyong-jin
Célébration de 80e annoversaire de la Libération à Liancourt le 1er septembre 2024
Célébrant le 80e anniversaire de la Libération,
Coréens et Liancourtois font face à un “Défi pour l'humanité”.
Les conflits frontaliers, les partis et les mouvements mettent de plus en plus en lumière les questions liées au patriotisme et à l'universalisme : on le voit aussi bien dans l'accueil fait aux voyageurs de tous horizons par les bureaux d’immigration de tout ancrage, que dans la promotion du libre-échange. La ligne de fracture politique qui en résulte, précipitée par un fossé grandissant entre les élites et le "peuple", crée un espace pour la montée du populisme. D'après une enquête récente, 80 % des Japonais et 90 % des Coréens croient que la dispute Dokdo nuit aux relations entre les deux pays. 7 Coréens sur 10 souhaitaient le boycott des Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Pourtant, ce n’est pas parce que les Jeux olympiques ont lieu à Tokyo que l’événement se limite au Japon. Les Jeux olympiques sont un festival pour les peuples du monde entier.
En Corée, la prise en compte de l’opinion publique et les décennies de labeur militant finissent par établir des gouvernements à la fois plus responsables… et plus fragiles. Au sein du contexte plus général des relations coréano-japonaises, même si les gouvernements coréen et japonais souhaitaient adopter une approche plus amicale du conflit de Rochers Liancourt/Dokdo, et améliorer le lien bilatéral, en l'état actuel des choses chacun d'eux pourrait se trouver dans l'incapacité de le faire sans prendre le risque de coûts politiques majeurs au plan national.
Vis-à-vis des Japonais, les Coréens d'aujourd'hui, sonnés par la dispute 'Dokdo', peuvent être tentés de privilégier le regard différentialiste.
Triste résultat d'encore plus tristes et graves traumatismes de l'histoire. Cette tentation différentialiste doit être surmontée, sans naïveté. Le monde, Japonais ou pas, est à comprendre.
Les Français se trouvent face à une tentation similaire vis-à-vis du monde musulman du fait de l'atroce succession des attentats. Historiquement pourtant, le patriotisme français avait une portée universaliste, et la Révolution n'a fait que renforcer une tendance existant déjà au XVIIe siècle. Patriotisme et universalisme étaient alors aisément conciliables : la France était la puissance européenne dominante.
ISHII Yoko à la maison de Jin-mieung,
à Goseong, Corée (photo)
La vérité de l'histoire de Dokdo, est révélée par le chercheur Li Jin-mieung, patriote non nationaliste, à travers une exhaustive collection de cartes historiques.
Yoko, son épouse, d'origine japonaise, déclare :
« Mon mari était un patriote au sens NOBLE du terme.
Il était patriote parce que la Corée était trop faible ! »
Le voisin de Yoko, Daïc Audouit, journaliste France Info, éclaire pour nous cet hommage de Yoko aux sentiments et à la pensée de son mari Jin-mieung :
« Je vous remercie pour le partage de ce texte, qui raconte de façon émouvante votre histoire d’amour. Qui raconte aussi ce qu’a pu être la France intellectuelle dans les années 70. Un carrefour où se rencontraient les peuples du monde entier. Une mission universelle ou universaliste. »
Sous la domination japonaise (1910-1945) les Coréens n'ont jamais eu à sortir de la vie réelle – fut-ce en claquant la porte – pour trouver du surréalisme : leur vie était déjà surréaliste au-delà de la réalité. 'L'exclusion forcée' produisait une façon surréaliste de voir le monde et de le ressentir, de voir la vie et de la vivre.
Les Coréens ne savaient pas alors comment sublimer leur culture aux yeux des autres cultures. K-pop, K-culture, Non-Western culture… mirent 80 ans à éclore et fleurir. A l'Ouest justement, le nouveau est arrivé par les 'Black surréalist' artistes, lesquels suggérèrent que le Meilleur peut exister dans les Black-lives — bien avant André Breton, Lautréamont : par la musique, la danse, les arts plastiques… Par l'action.
Le traumatisme surmonté, et l'oubli de la grande histoire, le saisissement du caractère surréaliste de la vie est aujourd'hui multiplié par la rhétorique de la K-pop / K-culture, et se voit récompensé par une victoire K-tech sans précédent dans l'histoire de l'humanité.
on se tourne désormais vers la poésie de l'océan.
Se décoloniser sur l'océan.
Une nouvelle histoire, un défi pour l'humanité.
Une “histoire” qui, comme l'a dit Baudelaire, tente de « plonger au fond de l'abîme, de l'Enfer ou du Ciel ... au fond de l'inconnu pour trouver le nouveau ! »
En surface, Dokdo est au format du Parc du Luxembourg à Paris… mais il n'est pas si petit.
A 200 mètres de profondeur s'étendent 80 kilomètres carrés de vaste montagne et rochers.
La Corée est pouratnt parvenue à sortir d'une autre litanie stéréotypée. Celle sur “l'enchainement économique à l'ancien impérialiste”. En 2023, le revenu des Coréens a dépassé le pouvoir d'achat individuel japonais – statistique OCDE. Au premier trimestre de cette année 2024, les exportations coréennes en dollars ont dépassé de 97 % celles du Japon. Et si les exportations de semi-conducteurs continuent de s'accélérer, la Corée atteindra cette année un objectif de 700 milliards de dollars à l'export, dépassant le Japon pour la première fois et entrant dans le top 5 des exportateurs mondiaux.
Un récent sondage d'opinion montre qu'en Corée 70 % des personnes de 20 à 30 ans ont une opinion favorable du Japon, et confirme l'analyse de la confiance basée sur les réalisations économiques et culturelles.
Cette zone doit devenir une frontière verte. Tel est le nouveau « grand défi de l’humanité »
Extinction prochaine des poissons, zones mortes en mer du Japon du fait des rejets d'eau contaminée par le nucléaire, guerres des ressources... D'immenses zones stérilisées, zones qui ne peuvent plus accueillir la vie, provoquent la souffrance et la mort des lions de mer, phoques, loutres de mer, marsouins et baleines. Mais autour des 'rochers Liancourt/Dokdo' les eaux sont saines, riches, vivantes… Loin des pêches du XIXe siècle, aux lions de mer et baleines bleues, nous pouvons y développer l'aquaculture. Nous le devons. Nous nous le devons.
Avec Maire de Liancourt
le 1er septembre
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