
Le Salon d’Art Comparaison est un événement artistique historique qui met en avant la diversité des expressions plastiques à travers des groupes thématiques réunissant des artistes de différents horizons. Fondé en 1956 à Paris, il repose sur une dynamique de confrontation et de dialogue entre les styles, courants et sensibilités artistiques.
L'empreinte de Kwang-jin Park et la version coréenne
Le maître coréen Kwang-jin Park, figure clé du Salon, a dirigé le groupe "Corée : Kwang-jin Park" pendant plus de 40 ans. Il a su instaurer une plateforme dynamique pour les artistes coréens à Paris, favorisant une reconnaissance internationale de leur travail. Son dernier parcours organisé en février 2025 marque la fin d’une longue et fructueuse implication. Après une interruption temporaire due à la crise sanitaire, l’espace coréen a retrouvé son élan avec la participation de 16 artistes coréens, venus spécialement en France.
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l'Art de Park Kwang-jin et de sa transition du réalisme à l’abstraction moderne à travers les paysages de l’île de Jeju
– Par Kim Yi-soon (art critique)

Réalisme sentimental et représentation des villages ruraux
Dans les années 1950 et 1960, Park Kwang-jin se consacre à la peinture de paysages réalistes, représentant des villages traditionnels coréens, notamment ceux de l’île de Jeju. Ses œuvres mettent en scène des chaumières, des sentiers sinueux et des scènes de la vie rurale, souvent imprégnées de nostalgie et de simplicité. Son style, influencé par Son Eung-sung, se distingue toutefois par un agencement particulier des objets et une perspective parfois aplatie.
Évolution vers une abstraction paysagère (à partir des années 1990)
À partir des années 1990, Park Kwang-jin évolue vers une approche plus abstraite, en mettant l’accent sur des éléments naturels spécifiques comme les champs de roseaux (eulalia) et les fleurs de colza caractéristiques de Jeju. Il ne se contente plus de représenter des paysages physiques, mais cherche à transmettre des sensations et des éléments intangibles tels que le vent, le son et la lumière.

Fusion entre abstraction et réalisme
Dans cette période, ses compositions deviennent plus épurées et géométriques : L'artiste Park utilise des bandes horizontales pour suggérer l’étendue des paysages.
Les tiges élancées des roseaux et des fleurs deviennent des motifs récurrents, évoquant non seulement la nature mais aussi des formes abstraites rappelant des cordes vibrantes d’un instrument à vent.
Son jeu de couleurs et de textures traduit un sentiment de mouvement et de résonance naturelle.
Des œuvres comme Silver Grass (1999) et Sound of Nature (1990) témoignent de cette transition : elles ne capturent pas seulement l’apparence des paysages, mais aussi l’expérience sensorielle de leur environnement.

Park Kwang-jin est l’un des rares peintres coréens à avoir su allier un réalisme minutieux à une abstraction expressive. En concentrant son art sur la beauté des paysages de Jeju et en évoluant vers une forme plus libre et poétique, il a créé un style unique, à la croisée de la tradition et de la modernité. Son œuvre incarne une quête de résonance entre la nature et l’émotion humaine, marquant ainsi profondément la peinture de paysage en Corée.
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