Interview avec Pierre Cambon, Version Indiana Jones
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- 2 nov.
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Pierre Cambon (Ancien conservateur général des départements Corée, Afghanistan et Pakistan)
Ônomad a eu l’occasion de dîner avec Pierre Cambon et son épouse coréenne, Kim Sang-lan, artiste renommée dans le domaine du Noeuds et des installations, dans un restaurant coréen, à deux pas de l'avenue de l'Opéra Garnier, pour le nouvel an, le 10 janvier 2025.
Chargé des collections de la Corée, de l’Afghanistan et du Pakistan au Musée national des arts asiatiques-Guimet, Pierre Cambon par ses études à la Sorbonne sur l’Histoire, l’Histoire de l'Art et l'Archéologie, et à l’Ecole du Louvre, s’est tourné vers l’art du Gandhara et vers l’Asie centrale.
Séduit en découvrant la Corée en 1981, Pierre Cambon apprend la langue et épouse Kim Sang-lan, artiste sortie de l’université Hongik et professeur à l’époque à l’université Wonkang. De 1988 à 1992, il est attaché culturel auprès de l’ambassade de France à Séoul.
Suite à ses nombreuses expositions sur l’ Afghanistan et le Pakistan, son séjour de cinq ans et demi à Séoul, sa vie semble avoir été emportée par le flux permanent du 'Chamanisme antique' sur les champs inconnus et mythiques de l’Asie profonde.
De retour en France, Pierre Cambon est chargé de créer un département des antiquités coréennes au Musée Guimet – jusque-là rattachées à la section Japon. Par deux fois, il est envoyé en Corée du Nord comme consultant par l’Unesco.
Sans curiosité et sans passion, il est impossible de suivre une vie conjugale de 45 sans accrocs. Mais, la Corée était la pierre de touche. Celle-ci est mieux connectée aujourd’hui et visible désormais en France à l’heure actuelle, mais elle reste un pays mal connu en dehors des arts visuels ou de son caractère contemporain, bien que sa culture suscite de plus en plus d'intérêt.
Dans la perspective des 140 Ans de Relations France-Corée et en amont de ceux-ci, Ônomad fait une enquête avec Pierre Cambon, spécialiste de la Corée.
Pierre Cambon, par sa mémoire multi-facette des différences «historico-culturelles» de la péninsule coréenne, par son parcours kaléidoscopique et son itinéraire, a su rendre la diversité absolue d’un pays malgré les influences reçues, dues à sa position géographique entre ses puissants voisins, et Pierre Cambon le fait à travers ses livres ; La Poésie de l'Encre, L'art de la Corée, L'art Coréen au Musée Guimet etc.
Ônomad ; Pour Fêter 140 Ans des Relations France-Corée en 2026
La Corée Pourrait-Elle Participer à la Scène de Mécènes en France?
Musée Guimet ?
Q1) La Corée a surmonté de longues périodes difficiles et est classée au rang de 'Global North' aujourd'hui. Pourraient-on avoir mécènes, collectionneurs, donateurs, collaborateurs, scientifiques de la Corée?
Pierre Cambon ;
Oui, cela me semble évident, et c’est déjà le cas. LVMH soutient déjà le centre culturel coréen à Paris dans nombre de ses manifestations, dont le prix France-Corée, et on peut rappeler l’exposition Dior à Séoul au Dongdaemun Seoul Plazza.
Q2) Les institutions coréennes, surtout Overseas Korean Cultural Heritage Foundation (OKCHF) et Samsung Foundation ont participé au soutien matériel ou financier.
Ont-elles contribué aux collections, au financement de nouvelles œuvres de la Corée comme de leurs restaurations?
Comment les institutions Japon et Chine et les entreprises d'Asie ont-elles participé au mécénat du Musée Guimet ? Et les donateurs français? Vos souhaits sur la Corée au Musée Guimet?
Pierre Cambon ;
La Korea Foundation et La Fondation Samsung ont contribué à la création de la galerie coréenne au musée Guimet en 1995, soit une aide à la construction ou à l’aménagement, à la restauration ou bien au catalogue, mais pas, en revanche, à l’acquisition de nouvelles collections.
Schématiquement, le montant du mécénat coréen s’est élevé à 10 millions de francs français, le mécénat chinois à 20 millions de francs français, soit l’équivalent du mécénat japonais, dont la singularité, cependant, était que celui-ci ne portait pas spécialement sur le Japon, mais sur l’Asie Centrale et la route de la soie.
Le budget global de la rénovation du musée, à l’époque, était donc une enveloppe de 250 millions de francs français, à la charge du Ministère de la Culture Français.
Concernant les donations françaises, elles auraient été les bienvenues comme cela avait été le cas pour le Louvre au XIXe siècle, mais, s’il y en a eu pour le Musée Guimet, force est de reconnaître, concernant la Corée, que celles-ci sont venues essentiellement du Japon ou des Etats-Unis, ce qui est pour le moins un peu inattendu.
Certes, les collections coréennes ne sont pas très nombreuses en France, mais beaucoup de monde, paradoxalement,, est passé en Corée, et certains ont acheté, parfois avec du goût. Il serait heureux, à mon avis, de faire connaître mieux une esthétique qui le mérite et reste trop souvent mystérieuse pour le plus grand public.
Q3) La Corée étend son horizon 'K-culture' vers la littérature, la poésie, l'art antique et la mythologie.
L'art de l'encre est poésie picturale et tradition lettrée en Corée 1392-1910 d'après vos recherches. Quel est le voyage dans les œuvres coréennes du Musée Guimet?
Pierre Cambon ;
Personnellement, je ne crois pas à la K-culture, qui, pour moi, n’est que l’écume des jours et un effet de mode. En revanche, je crois profondément en la Corée réelle qui, à mon sens, se démarque réellement de la Chine et du Japon, tout en y étant viscéralement connectée.
Mais, c’est vrai que l’approche coréenne est singulière en soi et les collections de peinture au musée national des arts asiatiques-Guimet sont là pour le montrer qui soulignent les liens indirects avec l’Europe, par le prisme de Pékin, alors sous l’influence des missionnaires jésuites.
On peut cite à ce sujet un peintre comme Kim Hong-do ou encore Yi Han-ch’ol.
Livres de Pierre Cambon
by Pierre Cambon, Younès M'Ghari, et al. | 1 Oct 2024
by Pierre Cambon | 24 Sept 2015
by Pierre Cambon | 3 May 2001
by Pierre Cambon and Lee U-fan | 25 Oct 2001
English edition | by Pierre Cambon, Philippe Clerc, et al. | 15 Mar 2024
English edition |
by Fredrik Hiebert and Pierre Cambon | 7 Mar 2011
